Compte-rendu du 16ème ICCCR 2016 à Rheden en Hollande par Eric

(Voir plein d'autres photos sur la page des sorties)


Un ICCCR est toujours l’occasion de rencontres, sinon pourquoi partir voir du paysage…. Mais il faut savoir provoquer ces rencontres, et le coup de la panne est, je vous l’assure, un bon moyen.

Ah ! ça y est ! Vous croyez que ma Trac m’a aidé dans ce sens ? Que nenni ! C’est mon Eriba qui a été capricieuse…….

J’avais changé les roulements de roues quelque temps auparavant, mais j’ignorais que ces roulement cylindriques et non coniques devaient se serrer comme des coniques, c’est à dire en desserrant d’un quart de tour l’écrou après être venu en contact.

En voulant aller jusqu’à mon point de chute chez un beau frère, j’ai fait chanter ces fameux roulements un peu trop longtemps. Résultats : un tambour attaqué !

Bon, là ça se complique ! En effet, chez le concessionnaire Eriba local, on me dit qu’il faut commander les pièces en Allemagne (alors que l’essieu est fabriqué près de chez moi à Louhans), il faut donc trouver une autre piste si on ne veut pas passer nos vacances en Lorraine chez la sœur de Christine.

J’arrive finalement chez un revendeur de remorques qui ne trouve pas de solutions pour me dépanner…. Par chance, un client entend la conversation et m’indique un atelier qui refait des moteurs, et qui est équipé de toutes sortes de machine-outils. Mon beau frère et moi reprenons la route (en 208 Peugeot), direction l’atelier. Et quel atelier ! 800 m2, une vingtaine de postes de travail. Je suis accueilli par un jeune homme qui est en train de refaire un moteur de 11D. C’est bon signe ! Me voyant discuter avec mon tambour et mon roulement à la main, un vieux (de 61 ans….mais je n’ai pas encore 60 ans à cette époque) me prend la pièce des mains et me dit « j’ai compris, allez faire un tour, et revenez dans deux heures ». Pas de devis, juste un bon regard pour voir à qui il a affaire.

2 heures plus tard, ma pièce apparaît, rechargée en matière, refrettée, réalaisée, et le roulement emmanché. Le « vieux » jette un œil vers les bureaux, et son patron n’étant pas revenu me dit « 50 euros, ça vous va ? ». Sûr que ça me va…..  

                            

Mais la journée était si entamée, qu’on a décidé de dormir chez la frangine et de repartir le lendemain.

Frais et dispo de bon matin, tous les bagages prêts à partir, je ne parviens pas à retirer le tambour de l’autre côté sans arrache moyeu. Je téléphone à quelques garages pour savoir s’ils peuvent m’aider, mais en cette veille de vacances, ils sont tous surbookés. Finalement, un garagiste me donne l’adresse d’un petit mécano et je décide de m’y rendre directement, en pensant qu’il ne pourrait pas me dire non en voyant ma mine désolée.

Nous voilà donc repartis avec la Trac et la Eriba chantante. Le petit mécano prend le temps d’écouter notre problème, mais il est plus qu’occupé. Il me fait cependant de la place dans sa cour, met tous ses outils à ma disposition et passe régulièrement voir où j’en suis. Des gens comme ça, ça fait chaud au cœur ! Bon, c’est vrai qu’il y avait une deuche en rénovation au fond de l’atelier…. A la fin, j’ai dû insister pour lui laisser quelque chose pour sa cagnotte de repas de fin d’année. Il ne voulait pas que je le paye.

Voilà, le voyage peut enfin commencer. Il est 14h, on file en Belgique.

Première étape, Brugge, la Venise du nord. Cette ville créée au 9eme siècle par la poldérisation, a su garder son charme du 12ème lorsque la ville était un port de commerce de draperie et de chocolat.   

                    

Après un bref passage à Bruxelles occupé par l’armée et désertée des touristes, nous passons par Gant. Une mauvaise signalisation nous laisse nous enfiler dans un parking interdit aux caravanes. Il nous faut près d’une heure de marche arrière-marche avant pour rebrousser chemin, et nous découvrons les joies du vapor-look…… La Trac et sa caravane sont en panne au milieu du carrefour principal de la ville, et tous les curieux donnent leur avis, leur conseil, leur appréciation. Les policiers, très calmes, nous font le chemin pour repartir enfin.

Nous filons vers la Hollande (petit entrefilet de Christine : Eric semble avoir oublié l’intermede  de Anvers et le quartier des prostituées que nous avons traversé par inadvertance. Il saura sans doute vous le raconter de vive voix). Nous arrivons à Amsterdam en pleine Gay pride, une fête grandiose, sympathique et bon enfant. Pour profiter du spectacle, nous grimpons sur un abri bus. Fatigués, nous nous éloignons et nous reposons sur un banc où se trouvent deux barbus bien sympa….qui ne tardent pas à me dire qu’ils « se feraient bien un petit Français ». Oui, c’est bien de moi qu’on parle… aïe aïe aïe, il est temps de partir.


Nous continuons notre voyage par Edam où au détour d’une ballade à vélo, nous découvrons que les hollandais ne savent pas fabriquer du fromage. Un passage à Monickendam et ses maisons de pêcheurs en bois nous fait découvrir une fête locale où l’on fume les maquereaux sur le port. Des femmes avec de grands paniers distribuent des tartines, c’est un délice pour les papilles, mais aussi pour le nez, les yeux et le cœur.

 

Une visite d’un moulin à vent en fonctionnement nous en apprend plus sur les polders. Un travail incessant depuis des siècles pour remonter l’eau, avec parfois 4 moulins « en série » Pour assécher des centaines de marais, et de lacs et protéger un pays entier contre les inondations, des milliers de moulins ont été construits et entretenus durant des siècles, ainsi que des milliers de km de canaux. Amsterdam est intégralement construite sur pilotis à 4 m en dessous du niveau de la mer. Aujourd’hui, on parle de dé-poldérisation et certains polders  sont rendus à la mer, surtout l’hiver.

 

Mais le 11 août pointe et le grand rassemblement approche. Nous arrivons à Middachten. On nous a vanté un lieu unique. Nous découvrons des champs boueux où sont installés les chapiteaux. La signalétique, parfaite depuis l’autoroute, nous conduit jusqu’à des bénévoles qui ne savent pas nous renseigner sur notre lieu de camping, et nous devons faire plusieurs demi-tour avec Trac et Eriba dans des chemins étroits, glissants, et bondés. La température monte !

 

Nous avions réservé un emplacement avec électricité. J’ai vite compris pourquoi on dit « si un Hollandais ne t’a pas eu une fois, c’est qu’il t’a eu deux fois ». Après nous avoir fait payer 125 euros, soit 60% plus cher qu’en Ecosse, nous apprenons que l’emplacement avec électricité nous coûte 10 euros de plus !

Nous arrivons enfin sur notre emplacement, impeccable, à la Hollandaise : balisé, l’électricité à proximité immédiate, bloc sanitaire impressionnant.


On nous invite à venir retirer notre plaque de rallye et nos cadeaux : des brochures en Néerlandais, une carte de lavage automatique valable au Bénélux (génial pour les anciennes) et un ballon gonflable…

On décide d’aller sans tarder à l’intérieur des espaces : la place Boulanger, dédiée à 80 % aux stands de gadgets, objets en bois et fast food. Sous le chapiteau central, je rencontre Serge le Danois qui loge à trois emplacements de nous. Nous déambulons à la découverte d’une Licorne Ravoli de 36, d’une 11 CL de 53 (produite à Slough) avec toit ouvrant, d’une 11BL de la police belge en réfection, d’une 11BL de 48 en vente à 17950 euros, d’un cabriolet décapotable 11B de 1950. Mais aussi, et c’est plus rare, d’une Panhard Levassor X72 avec 2 roues de secours., un U23 8 places assises et 1 allongé (corbillard de 1952), un musée « Chapron ».

     


Le reste du chapiteau est réservé aux ventes de pièces, essentiellement de DS et ID, on pouvait tout de même trouver pour nos Trac une direction complète à 813 euros, un démarreur à 380 euros, une sortie d’échappement à 250 euros, et curieusement les pigeons s’affairaient…

Le clou était tout de même à l’extérieur, mais il fallait bien chercher car pas de parking dédié aux anciennes, un fourre tout de Mercedes (Mercos dirait Alain), Renault (Rino), Audi, Volvo, Toyota, etc. Il aura fallu que la TU impose une parking dédié aux tractions, au grand dam des organisateurs (ils en sont presque venus aux mains), pour voir enfin des enfilades de Trac de tous styles, de toutes provenances, toutes années, toutes couleurs. Mais ça n’a duré qu’un après midi sur 4 jours.

En cherchant bien, j’ai pu trouver la première 11 A (1934), comme sortie d’usine (n° chassis ET 0431 – prototype)


En discutant un peu, j’ai appris

·         que l’organisation de l’ICCCR avait changé suite à des démissions massives 6 mois avant l’événement.

·         Que l’amicale Citroën s’appelle maintenant « amicale Citroën et DS France » et regroupera Citroën et Peugeot

·         Que la TU Néerlandaise était en désaccord avec l’organisation

Organiser un ICCCR demande un minimum de professionnalisme mais aussi d’esprit Citroën. Nous avons vu le professionnalisme (blocs sanitaires, foire aux vins et cochonailles…) mais il manquait malheureusement l’esprit Citroën.

Pour exemples,

- une soirée de gala à 75 euros par personne, ça refroidit. Ça refroidit tellement qu’il n’y a eu que 80 personnes !

- le garage sur place limitait le temps de prise en charge à deux heures pour ensuite évacuer les véhicules vers le garagiste du coin….

- un musée qui ne comporte que des concept-car ou des véhicules à vendre, est-ce un musée ?

A mon avis, un ICCCR, c’est aussi des hommes et des femmes qui viennent montrer leurs véhicules, et qui se rencontrent, discutent, commentent. Et là, malgré l’absence de parking, dans le camping c’était que du bonheur. 20 ou 30 nationalités qui se rencontrent, c’est forcément joyeux.

Alors, malgré les déconvenues, même si le prochain ICCCR sera à 1450 km en Pologne, même si les 100 ans de Citroen seront organisés par l’amicale Citroën-DS-Peugeot, j’y serai certainement car l’aventure et les rencontres font partie de ma joie de vivre.

Au fait, merci aux Lyonnais d’être venus fêter mes 60 ans, car je me serais retrouvé bien seul .

                   

Merci aussi à Serge et son épouse d’être venus nous soutenir. Serge a fait un passage éclair, il est parti désabusé dès le deuxième jour. Patrick Frachebois est venu, semble-t-il, mais en l’absence de communication, nous ne nous sommes pas vus.

Peut-être serons-nous un peu plus nombreux à Paris en 2019 pour les 100 ans de Citroën ?


Eric